Il était
une fois un jeune et beau guerrier qui s’appelait Tutanekai.
Tutanekai vivait sur l’île de Mokoia. Sur le continent,
de l’autre côté du lac, à Rotorua, vivait
une jeune fille qui s’appelait Hinemoa et qui était
renommée pour sa grande beauté. De nombreux chefs,
jeunes et beaux, venaient voir le père de Hinemoa pour demander
sa main. Mais le père de Hinemoa considérait qu’aucun
de ces jeunes guerriers n’était digne de sa fille.
De temps à autre, les différentes tribus se réunissaient
pour discuter des affaires tribales. Un jour, pendant une de ces
réunions, Hinemoa et Tutanekai se virent de loin. Ils ne
pouvaient pas communiquer, le père de Hinemoa veillant à
ce que Hinemoa reste éloignée des jeunes prétendants.
Au premier regard, ce fut le coup de foudre entre Hinemoa et Tutanekai.
Après la réunion tribale, Tutanekai dut regagner
Mokoia. Il passait ses jours et ses nuits à jouer sur sa
flûte de belles et très tristes mélodies, pensant
sans cesse à Hinemoa. De l’autre coté du lac,
Hinemoa entendait ces mélodies dans la nuit, mais elle ne
savait pas d’où elles venaient.
Chaque fois qu’il y avait des réunions tribales, Hinemoa
et Tutanekai avaient l’occasion se voir. Mais le contact restait
impossible. Avec le temps, ils devenaient de plus en plus amoureux
l’un de l’autre.
Un jour, cependant, ils réussirent
à échanger quelques mots. Tutanekai voulait toute
de suite demander au père de Hinemoa s’ils pouvaient
se marier. Mais Hinemoa savait que son père refuserait, comme
d’habitude.
Tutanekai demanda alors à Hinemoa de rentrer avec lui à
Mokoia, mais cette proposition effraya Hinemoa. Elle disait que
son père l’obligerait à retourner vivre à
Rotorua, et qu’elle et Tutanekai n’auraient plus jamais
le droit de se voir.
Tutanekai, très amoureux, n’avait pas l’intention
d’abandonner. Il avait un plan. Il demanda à Hinemoa
de descendre au bord du lac pendant la nuit, quand la tribu dormirait.
Hinemoa devait prendre un des canoës, et traverser le lac jusqu’à
Mokoia en pagayant le plus vite possible.
Hinemoa avait peur de ne pas trouver l’île de Mokoia,
et demanda à Tutanekai comment faire pour ne pas se perdre.
Tutanekai lui dit qu’il jouerait de la flûte, comme
d’habitude, et qu’elle n’aurait qu’à
suivre la musique. Hinemoa comprit alors que les belles mélodies
qu’elle entendait chaque soir venaient de Tutanekai et sa
flûte. Elle n’eut plus le moindre doute : elle trouverait
l’île de Mokoia.
Cette même nuit, alors que toute sa tribu dormait, Hinemoa
descendit en cachette jusqu’au bord du lac. Mais à
sa grande déception, il n’y avait aucun canoë
assez près du bord pour qu’elle puisse le traîner
jusqu’à l’eau. Les canoës, rangés
trop loin du bord, étaient trop lourds pour Hinemoa. Tristement,
elle rentra en pleurant, d’autant plus qu’elle entendait,
au loin, la flûte de Tutanekai, et sa musique qui l’appelait.
Elle pleura jusqu’à ce qu’elle trouve enfin le
sommeil.
La nuit suivante, Hinemoa attendit encore que toute la tribu soit
endormie pour descendre à nouveau au bord du lac. Mais, cette
fois non plus, aucun canoë n’était assez près
de l’eau. Comme la veille, Hinemoa, en larmes, dut faire demi-tour,
alors quelle entendait, de l’autre côté du lac,
la flûte de Tukaneka qui l’appelait encore.
Désespérée, Hinemoa décida que s’il
n’y avait pas de canoë la nuit suivante, elle essaierait
de rejoindre l’île de Mokoia sur un radeau qu’elle
fabriquerait elle-même.
Le lendemain, il n’y avait toujours
pas de canoë assez près du bord du lac. Avec les morceaux
de bois et du lin qu’elle avait ramassés en secret
pendant la journée, Hinemoa, en toute hâte, fabriqua
un radeau. Elle entendait la flûte de Tukanekai : elle embarqua
et se dirigea sur le lac vers la source de la musique.
Après avoir pagayé un long moment dans la nuit, Hinemoa
eut l’impression que la terre approchait. Doucement, elle
se laissa glisser dans l’eau, et toucha le fond. Elle avait
très froid. Pendant qu’elle marchait dans l’eau
vers la terre, elle sentit l’eau devenir de plus en plus chaude.
Tout d’un coup elle se retrouva dans un «bain»
d’eau chaude, à la température idéale,
et qui bouillonnait doucement. Ce «bain» d’eau
était alimenté par un geyser.
Avec reconnaissance, Hinemoa s’étendit dans le «bain»,
laissant la douceur de l’eau chaude réchauffer lentement
son corps glacé. Au bout d’un moment, Hinemoa entendit
un bruit dans la nuit. C’était Tukanekai qui venait
la chercher.
Tukanekai emmena Hinemoa dans son village, et ils se marièrent.
Le «bain» d’eau chaude
bouillonnant, où Hinemoa s’est réchauffée
après sa longue traversée du lac, est connu aujourd’hui
sous le nom de «Hinemoa’s Bath».
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