Hongi Hika fut le
plus renommé des guerriers Māori. Il était membre de la tribu
Nga Puhi, et oncle de Hone
Heke. Les Nga Puhi étaient descendants de l'ancêtre "Puhi moana
ariki", d'où vient le nom Nga Puhi.
Hongi Hika est né près de Kaikohe, dans le nord de
la NZ. Il a déclaré à des explorateurs français,
en 1824, qu'il était né l'année de la mort
de Marion
du Fresne, (tué en 1772).
"Hongi" veut dire "odeur". Ce mot est dérivé du mot "salutation".
Cela se rapporte à la salutation traditionnelle Māori, le "hongi",
où deux personnes se frottent doucement le nez et le menton. Hika
vient de "ika" qui veut dire "poisson". Le poisson tenait une place
importante dans la vie du Māori.
Hongi Hika fut le maître des régions nord et ouest
de la Baie des Iles, dans l'Ile du Nord. Il était un homme
mur au sommet de sa puissance lorsqu'il mourut en 1828. Il était
le 3ème fils de Te Hotete (et de sa seconde femme, Tuhikura).
Il descendait, à la 9ème génération,
de Rahiri, ancêtre de Ngati Rahiri, lui-même descendant
de Puihi-moana-ariki, ancêtre des Nga Puhi. Comme Ngati Rahiri
et Ngati Rehia, Hongi était très proche de Ngati Tautahi
et de Ngai Taweke.
La défaite de la tribu Nga Puhi
par les Ngati Whatua, lors de la bataille de Moremonui, à
"Maunganui Bluff", en 1807 ou 1808 fut un évènement
marquant de la vie du jeune Hongi.
Pokaia, l'oncle de Hone Heke, était depuis longtemps en
guerre contre Te Roroa et deux autres membres du même "hapu"
(lignée), la lignée des Ngati Whatua . Certains des
Nga Puhi étaient armés de mousquets, mais Murupaenga,
chef des Ngati Whatua, leur tendit une embuscade, et les battit
en sachant mettre à profit le temps nécessaire à
recharger leurs armes.
Pokaia fut tué, ainsi que le père de Te Whareumu,
Manu (Rewa) et Te Koikoi, et deux frères de Hongi. Hongi
et Te Koikoi échappèrent à la mort en se cachant
dans un marais. A la nuit tombée, Hongi et Te Koikoi purent
s'enfuir, avec une poignée d'autres survivants.
Il semble qu'après cette bataille Hongi ait pris la succession
de Pokaia, comme chef guerrier. Non seulement il se trouvait dès
lors dans l'obligation de venger la défaite de son peuple,
les Nga Puhi, mais il en éprouvait aussi très fortement
le désir à titre personnel.
C'est pendant des campagnes contre les chefs Te Roroa, Te Rarawa
et Te Aupouri, dans le nord, que Hongi fut de plus en plus convaincu
de l'efficacité de la nouvelle arme de guerre, le mousquet,
si toutefois on en possédait un nombre suffisant.
En 1815, Hongi était le chef
incontesté de son peuple. C'est cette année-là
que mourut son frère aîné, Kaingaroa, né
de la première femme de son père, Waitohirangi
Hongi désirait ardemment créer des contacts et des
liens commerciaux avec les visiteurs européens. En 1814 il
se rendit à Sydney, en Australie, à bord "l'Active".
Cette visite encouragea le missionnaire Samuel Marsden, aumônier
de New South Wales, en Australie, dans son projet d'établir
une mission de la "Church Missionary Society" dans la
Baie des Iles, dans l'Ile du Nord de la Nouvelle-Zélande.
Cette mission vit le jour dès 1814, sous la protection de
Hongi, et multiplia les escales de navires dans la région.
L'installation des missionnaires servit ainsi les desseins de Hongi.
Hongi protégeait non seulement les missionnaires, mais aussi
les marins, contre son propre peuple. Il savait qu'une réputation
de sécurité dans la Baie des Iles attirerait les Européens,
augmentant les occasions de faire du commerce de nourriture mais
aussi de produits de la technologie européenne, comme les
outils agricoles et les armes de guerre.
D'autres missions s'établirent par la suite à Kerikeri
et à Waimate, toujours sous la protection de Hongi. Mais
les relations de Hongi avec les missionnaires lui causèrent
aussi certains problèmes. D'autres chefs Māori protestèrent
auprès du Révérend Marsden au sujet du monopole
exercé par Hongi.
De leur côté, les missionnaires provoquèrent
la colère de Hongi en refusant de faire du commerce d'armes
ou même de les réparer, mais aussi en évinçant
le missionnaire Thomas Kendall, qui avait une liaison avec une femme
Māorie.
Malgré tout, Hongi continua
à les protéger. Il savait que si les missionnaires
se retiraient de la Baie des Iles, les Européens n'y viendraient
plus et que le commerce déclinerait. C'était en fait
ses propres intérêts qu'il défendait, pas ceux
des missionnaires.
Même si Hongi préférait le commerce des mousquets
et de la poudre, il appréciait également les outils
en fer des missionnaires. Les outils agricoles, utilisés
par les très nombreux prisonniers de guerre faits par Hongi
lors de ses expéditions dans le sud à partir de 1818,
permirent une véritable révolution agricole, en termes
de récolte et de productivité.
Hongi expérimenta la culture du blé et du maïs
dans sa propre région de Waimate. Mais il concentra son effort
sur la culture des pomme de terres, pour obtenir une très
forte production et pouvoir les échanger contre des mousquets
et de la poudre quand les bateaux européens arrivaient.
Hongi, qui avait adopté la réligion chrétienne,
se rendit en Angleterre en 1820, avec le missionnaire Thomas Kendall
et un jeune chef de tribu du Waikato. A Cambridge, ils aidèrent
le professeur Samuel Lee à la réalisation d'un dictionnaire
Māori, en vue d'éditer une Bible en langue Māorie.
En Angleterre, l'apparence exotique et le visage tatoué
de Hongi ne manquèrent pas d'attirer l'attention. Le roi George
IV reçut Hongi et lui fit présent d'une malle remplie de
cadeaux, en reconnaissance de l'aide apportée par Hongi aux progrès
de la religion chrétienne chez les Māori. On lui offrit aussi
une armure, qui lui valut une réputation d'invulnérabilité
et contribua à démoraliser ses ennemis.
Mais ce qui intéressait Hongi c'était
de se procurer des mousquets: et il réussit à en obtenir.
Sur la route du retour en Nouvelle Zélande, Hongi
s'arrêta à Sydney, en Australie, où il échangea aussitôt les cadeaux
du roi George contre des mousquets et des munitions. En rentrant
en Nouvelle Zélande avec ses cadeaux "convertis", Hongi put mener
des raids dévastateurs contre les tribus ennemies de la sienne.
Ces acquisitions ont rompu l'équilibre
du pouvoir dans la Baie des Iles, provoquant une course aux armements,
ce qui eut de graves conséquences pour presque toute la Nouvelle-Zélande
pendant les deux décennies à venir.
Tout d'abord, d'autres tribus dans la Baie des Iles se sont procuré
des mousquets pour se défendre contre Hongi. Ensuite, les
tribus du nord, bien armées, attaquèrent les tribus
plus au sud, qui n'avaient pas de mousquet.
Les mousquets étaient souvent en mauvais état et
inefficaces, et, dans bien des récits, on exagérait
le nombre de leurs victimes ; mais les tribus qui avaient seulement
entendu parler de ces terribles armes vivaient dans la crainte,
et ce sentiment de panique a beaucoup contribué aux victoires
des Nga Puhi, entraînant de graves perturbations de la vie
sociale. |